▲ J'ai toujours voulu avoir un percing à la langue mais j'en ai jamais eu le courage : Je suis une très grande sensible à la douleur et je me hais pour ça.
▲ Je supporte très mal l'alcool, et la dernière fois que j'ai bu je me suis retrouvée allongée par terre, la tête au dessus de la cuvette à gémir que j'allais mourir de douleur tellement j'avais mal au ventre et à la tête. Moralité ? Je me bourre de pistaches comme une c*nne lors des apéros désormais.
▲ Mon premier rat, Yggdrasil, est mort dans la cuvette de mes WCs après avoir voulu imiter sa maîtresse ou découvrir quel était ce mystérieux endroit où il n'allait jamais.
▲ J'ai cru au Père Noël jusqu'à l'âge de 14 ans, juste pour pouvoir commander des trucs énormes en toute innocence.
▲ Être changeline ne me dérange pas, après tout, je hais les mères, pas les enfants. J'ai relativement plus de peines pour les enfants que les mères que je tue, mais après tout, je me sens comme un prédateur dans la chaîne alimentaire du monde donc au final, je me sens relativement utile et je pense à ses futurs adolescents rebelles et irrespectueux qui me remercieront plus tard. Cela dit, je ne fais que le penser, personne n'a réellement mit cette théorie à la pratique pour la confirmer.
▲ Je ne joue plus à la Wii depuis que je me suis ouverte le bras en shootant dans un verre, en voulant taper dans une balle "en feu" au tennis.
▲ J'ai toujours souhaité un chat mais je n'ai ni le nom, ni la motivation, et mon envie de voyager est trop forte pour m'engager dans une relation à longue durée avec un félin voyez vous ?
▲ Je n'ai pas beaucoup de patience, ce qui est un handicap dans ma vie de caissière de supérette, mais j'essaie de bien le vivre.
▲ Je suis très ouverte niveau musique et art en général, même sur l'art conceptuel et abstrait.
▲ Je me ronge les ongles quand je suis stressée, en colère, énervée, ennuyée.
▲ Bien qu'étant une créature, je suis profondément athée et limite haineuse de la religion. Mon rêve dans la vie est de brûler une église, comme Burzum, à la norvégienne, mais je suis pas très rassurée avec du feu dans les mains en général.
▲ J'ai une sœur plus âgée, Mia Dickinson.

She's not the kind of girl you hear about,
she'll never want another, she'll never be without
She'll give you all the signs, she'll tell you everything
then turn around and walk away ”

La démarche lourde et saccadée par les deux kilos sur chacune de ses New Rock, Charlie s’étira lorsqu’elle arriva devant le bureau d’un certain Docteur. L’idée de se faire passer pour une aliénée ne l’effrayait pas : elle souriait car elle savait qu’elle allait se jouer de lui.

« Mademoiselle Dickinson.
- Madame. »

Elle entra, un air innocent au visage, comme soudainement inquiète. Depuis un moment, elle avait remarqué que cet air attendrissait les gens et qu’elle sortirait plus rapidement d’ici, sans trop avoir répondre à de questions. Mais visiblement, son jeu ne marchait pas sur l’homme qui s’avéra plus pointu que d’habitude.

« Comment vous appelez vous ?
- Charlie Dickinson.
- De la famille ?
- J’ai une sœur, Mia. Notre mère est morte accidentellement et nous voyons rarement notre père … »

Charlie était une changeling. Mia aussi. Elles en avaient eu assez d’avoir à enlever des enfants et d’aspirer la force des mères sans avoir leur mot à dire. Elles se sentaient comme esclaves, donc elles avaient décidés de se retourner contre leur créatrice : leur mère. Elle fut découverte pâle et livide, sans plaie ni blessures, mais extrêmement fatiguée. Charlie ne regrettait pas : Elle n’avait jamais eu d’atomes crochus avec sa génitrice.

« Oh, vraiment ?
- Parfaitement, mais je m’en sors très bien aujourd’hui.
- Des relations quelconques ?
- Je me juge asexuelle, ou alors très très peu attirable.
- Vous n’avez jamais été par quelqu’un ?
- … Si. Une fois.
- C’était comment ?
- C’était une jeune femme, une petite brune aux cheveux courts que j’ai croisé dans la rue. Son parfum m’avait plu et j’y ai pensé quelques jours avant de l’oublier. Mais pour la première fois de ma vie j’avais eu une sorte d’attirance envers quelqu’un, une attirance sentimentale et … Physique.
- Vous n’arrivez pas à avoir d’attirances physiques envers quelqu’un ?
- L’idée d’avoir quelque chose en moi de quelqu’un d’autre me répugne si vous voyez ce que je veux dire. » Elle rit. « Mais je m’en sors très bien comme ça aussi. Je n’ai pas envie d’avoir d’enfants de toute manière. »

Bien que les changelings se devaient d’enfanter, Charlie avait –et ce depuis sa plus tendre enfance- hait les autres enfants. Certainement son côté kidnappeuse d’enfant qui faisait surface à chaque fois  qu’elle voyait un couple avec une poussette passer. Elle ne se voyait pas en couple avec quelqu’un, surtout vu comment sa sœur s’était faite plaqué par cet homme, un certain Adam, un abruti de première.

« Pourquoi êtes vous venu ici ?
- J’en ai pas la moindre idée. » dit – elle avec un regard et un air impassible. « C’est un autre docteur qui m’a conseillé de venir, peut – être pour délit de sale gueule. »

Elle esquissa un sourire provocateur mais le psychologue ne broncha pas.

« Qu’est – ce qui vous as mené à avoir une vie telle que la vôtre ? »

La petite grimaça. Elle haissait ce genre de questions, car justement elle n’avait pas la réponse. Si elle était ainsi aujourd’hui, c’était certainement son éducation peu conventionnelle qui l’avait poussé à haïr la masse.

« Certainement mes parents. Ils étaient très autoritaires et demandaient beaucoup de nous, mais ils étaient têtes en l’air sur les bords. Je me rappelle, ma sœur, qui est plus grande de trois ans, m’a dit que je m’appelais Charlie parce qu’on m’avait perdu à la naissance. Donc nos parents parlaient de me chercher et de me trouver, puis Mia avait sorti un livre « Où est Charlie » et désigna un bonhomme habillé d’un chapeau bicolore. Dans ma famille, on ne donnait les prénoms qu’après la naissance, et depuis Charlie est resté pour moi. Donc oui, j’ai plutôt un nom de mec mais je le vis plutôt bien. Puis ma mère est morte et l’atmosphère un peu tendue s’est considérablement … Euh … détendue. » Elle s’empêcha d’esquisser un sourire satisfait. « Vous savez, si je suis comme je suis actuellement, c’est certainement à cause de ma passion pour la musique extrême. » Elle détestait cette appellation mais elle s’efforça à l’utiliser pour se faire comprendre. « Je n’ai pas eu besoin d’une sorte de mentor, je me serais enterrer de honte si ça aurait été le cas. Je n’ai pas besoin de quelqu’un qui me dicte ma vie vous savez. Actuellement, je fais des études d’histoire car je suis passionnée de mythologie scandinave et de civilisations anciennes. J’étais pas trop mauvaise au collège et au lycée, ce qui m’a permit de continuer mes études. Pour les payer, je taxe des fois mon père qui est trop amorphe désormais pour refuser quelque chose à ses filles et je travaille partiellement dans une supérette. C’est pas génial mais ça me fait gagner suffisamment pour l’instant. »

Elle sourit. En réalité, travailler dans une supérette lui permettait de repérer ses « cibles ». Etant une changeling sans enfant, Charlie repérait les enfants à la caisse et désignait ses futures cibles. L’avantage d’être une femme, c’est que les parents et les autres gens en général ne vous jugeaient pas comme un prédateur sexuel. La petite avait pu remarquer ça au fil de temps : Une femme pouvait se permettre plus de choses qu’un homme sans se faire passer pour quelqu’un de louche ou mentalement dérangée, et sans ça, Charlie ne savait pas comment elle aurait pu survivre en tant que changeling.

« Je peux m’en aller maintenant ? »

Le psychologue la jugea des yeux un moment, et devant l’air grave de la jeune femme, il décida de la laisser partir. Charlie se leva et sortit de la salle, plus détendue d’avoir enfin fini avec ces questions incessantes.