15 ans, presque jour pour jour que j'avais arrêter de chasser. Et ça ne me manquait pas. En même temps j'avais tout fait pour partir loin de cette vie, loin de toutes ces créatures. Je n'avais plus d'armes sur moi en continue, je n'avais plus la crainte ni même la fureur qui pouvait m'habiter quand j'étais tueuse, non tout ça était loin de moi. Je ne regrettait rien de mon choix. Alors, pourquoi suis-je revenue ici ? La raison que j'exposais était mon travail, mon studio, qui se trouvait à Stamford. La vraie raison ? Je crois que je me la cachée encore. Bref, aujourd'hui c'était farniente. Alors j'avais décidé de sortir de Stamford, la veille au soir, et de me défouler à Middletown, alors quoi de mieux que de me faire un jogging matinal dans le parc de la ville ? À peine levée que j'enfila un jogging et sorti du motel aux aurores. J'avais mis mon mp3 sur mes oreilles, avec du pop rock à fond pour me motiver. Je ne remarqua pas une seule seconde que quelqu'un, ou plutôt, quelque chose, me surveilla de près.

Un des inconvénients de mon changement de vie fût la perte de mes amis, proches comme éloignés. Quand je stoppa mon activité de tueuse, soit je me détournais de ceux dont j'étais le plus proche, soit c'était eux qui se détournaient. Personne ne comprenait réellement mon choix que de vivre comme tout semblable qui ignore la présence de démons et de créatures. Tout le monde me balançait que ce n'était pas ce que mes parents voulaient, qu'ils auraient souhaité que je continue leur chasse... Mais j'avais beau avoir la rage contre ce démon, j'en avais encore plus contre toutes ces chasses qu'on fait mes parents et qui les a tué. J'avais donc tourné le dos à tout cela, ainsi qu'à mon réseau de relations étendu. Je sais qu'en cas de besoin certains accourront à mon aide, mais c'étaient ceux-là à qui j'avais tourné le dos sans le moindre mot, parfois avec douleur et regret.
Aujourd'hui ma vie était tout à fait banale, comme tout être humain « normal ». Je n'aimais pas franchement la routine, mais ne pouvoir se poser dans une ville était tout à fait appréciable. Et même si mon boulot m'amenait à me déplacer régulièrement, j'avais toujours un endroit où me poser, finis les motels. Aujourd'hui, c'était journée tranquille, ça aussi je n'en avais pas dans le temps de tueuse. Et j'en profitais un max. Ce matin ma destination 'amenait dans ce parc, bien connu de tout les joggeurs de la ville, et qui y était donc assidument fréquenté par beaucoup de coureurs, mais aussi de famille les après-midi.  J'hochais la tête en guise de bonjour à ceux que je croisais sur mon chemin, mais je ne m'aperçus nullement que l'on me suivais depuis quelques mètres maintenant. Il faut dire que je n'étais plus aussi méfiante qu'avant.
Courant toujours à un rythme régulier, je commençais à avoir soif, heureusement je savais qu'ici, quelques points d'eau avait été installé pour que les coureurs puissent s'hydrater, sans pour autant s'alourdir dans leur jogging. Et il y en avait précisément un à quelques mètres, parfait pour moi. Je ralentis mon rythme doucement avant de m'arrêter à la fontaine. C'est à ce moment là que je commençais à ressentir une sensation bizarre, je ne me sentais pas seule. Je secoua la tête. Tu deviens parano, ma fille. C'était bien ce qu'il me venait à la tête. Je commença à boire, lorsque j'entendis réellement des pas se rapprocher, et surtout, une odeur pestilentielle que je n'avais jamais oublié. Celle d'un polymorphe. J'eûs un haut le cœur assez répugnant, pour tout dire. Mon réflexe de tueuse était d'attendre qu'il s'approche avant de le surprendre à mon tour. Ça, je ne l'avais pas perdu, ni oublié. Une fois que je le savais tout proche, au point de m'attaquer, je me retourna vivement, avant de lui décrocher mon poing dans la figure. Je n'avais beau ne plus être tueuse, quelques habitudes persistaient, comme le fait qu'il ne valait mieux pas m'emmerder. Mais, les années ont passé, je n'ai plus la même force, et je dois bien dire que j'ai perdu bien d'autres réflexes bien plus important que de ne pas se laisser surprendre. Et certaines techniques de combat aussi. Avant, je n'avais beau ne pas être d'une grande lignée de familles de tueurs, cela s'étant simplement révélé à mes parents, puis à moi, il paraissait que j'étais assez redoutable au combat pour être crainte. Mais aujourd'hui, sans entrainement, j'avais perdu beaucoup de force et d'agilité. Le poing que je venais donc de décrocher ne fit pas beaucoup de dégât. Et puis, de toute façon, ça ne servait qu'à reculer l'échéance, il n'y avait rien à portée de main pour que je puisse le tuer. Mais j'avais toujours la même hargne qu'en tant que tueuse.